L'alimentation
en eau de Narbonne de la fin du Moyen Âge au début du XX°
siècle
Les sources de Fontfroide
L'alimentation en eau de la ville de Narbonne était en cette fin du
Moyen Âge particulièrement préoccupante. La ville ne disposait
en effet d'aucune source importante à proximité de ses remparts
et l'eau de ses puits était le plus souvent de médiocre qualité.
De plus,
l'Aude qui la traversait et avait fait sa fortune l'avait délaissée
partiellement lors des très graves inondations du XIV°siècle
pour se diriger vers l'étang de Vendres.
Les consuls conscients de la difficulté de la situation tentèrent
d'abord, sans grand succès de ramener le fleuve vers la ville puis
jetèrent leur dévolu sur trois sources situées près
du château de Saint Pierre-des-clars, encore appelé le Castellas,
susceptibles de fournir une eau de qualité aux Narbonnais. Ils conclurent
dès 1412 un pacte à cet effet avec les seigneurs Jean de Montredon
et Guillaume de Névé seigneur de Bothonet et d'Ornaisons. Un
temps délaissé cet accord fut repris et confirmé le 14
Février 1495 par un acte passé devant Jean de Raimondi, notaire
à Pézenas. La ville de Narbonne devint ainsi propriétaire
de ces trois sources dites sources de Fontfroide à la servitude hautement
symbolique "d'une paire de gants d'une valeur de deux sols et six deniers
payable à chaque nouveau seigneur, une seule fois dans la vie du seigneur".
Lille obtint également le droit de construire les canalisations et
ouvrages permettant de conduire l'eau jusqu'à ses remparts.
Les sources de Saint-Pierre et de l'Auriole très proches l'une de l'autre
sont situées au pied du Castellas alors que la troisième, la
source du Duc, plus lointaine par rapport à Narbonne, coule à
un peu plus d'un kilomètre des deux premières en direction du
sud-ouest au lieu-dit "Les Gourgues".
Des travaux consistant à capter les sources puis à les relier
à Narbonne par des canalisations souterraines via un réservoir
dit de réunion situé près du Castellas furent entrepris
quelques années plus tard. Les canalisations en terre cuite puis par
la suite et par endroits en tôle bitumée suivaient à quelques
mètres de distance le rec de Veyret jusqu'à la Ville.
Des regards
en pierre dotés généralement d'une couverture hémicylindrique
furent également construits. Rares, inexistants initialement ils devinrent
nombreux au fil des siècles pour atteindre le nombre de 163 après
les derniers travaux.
L'eau coulait vers Narbonne par gravité en profitant de la pente naturelle.
Elle était ensuite conduite vers des fontaines situées en divers
points de la cité.
Tout ne se passa pas sans difficulté. Le système mis en place
connut en effet au cours des siècles bien des aléas. Le rec
de Veyret emporta à plusieurs reprises les ouvrages placés à
proximité de son lit et les canalisations mal conçues à
l'origine, mal entretenues et très entartrées s'obstruaient
fréquemment ou étaient écrasées par les charrettes
contraignant la ville à faire exécuter des réparations
extrêmement coûteuses.
Il n'en demeure pas moins que les sources de Fontfroide alimentèrent
Narbonne en eau durant plus de quatre siècles.
Elles ne furent supplantées partiellement d'abord puis totalement qu'à
partir de 1864 par l'eau de Férioles issue d'une nappe souterraine
située au bord de l'Aude à proximité de Moussan.
Elles furent enfin revendues en 1931 par la ville de Narbonne à la
commune de.... Montredon qui les utilisa encore pendant quelques dizaines
d'années.
Marcel GUISSET / Robert
BITRIA
Quelques Chiffres
- sources : 3
- Canalisations : 8,3 Km
*Source du Duc/Réservoir de réunion: 1,1 Km
*Source de Saint Pierre/Réservoir de réunion : 150 mètres
*Source de l'Auriole/Réservoir de réunion : 170 mètres
*Réservoir de réunion/Narbonne :
6,880 Km
- Regards : 163
- Débit potentiel : de l'ordre de 300 m3 par jour